Le culte des ramen
Peu de phénomènes en Amérique sont comparables au culte que vouent les Japonais aux ramen. Il existe près de 80 000 établissements spécialisés, dont 4000 seulement à Tokyo. Certains chefs sont devenus célèbres par la manière dont ils égouttent leurs nouilles. D’autres vont jusqu’à analyser le pH de l’eau qui servira à faire leur bouillon après l’avoir filtrée à travers un système complexe au charbon. Certains vont même jusqu’à commander des bols sur mesure, recouverts d’une laque aux propriétés particulières, censés influencer le goût du bouillon.
Le magazine Lucky Peach a consacré tout un fabuleux numéro aux ramen. Il rapportait l’anecdote suivante : au restaurant du réputé chef Shimazaki-san, pas l’temps de gnaiser! Il est interdit de : 1) Parler en mangeant 2) Lire les journaux 3) Fumer ou 4) Regarder ou utiliser son téléphone portable. En prohibant toute distraction, M. Shimazaki-san exige de sa clientèle la même concentration et la même dévotion qu’il investit dans la préparation de ses ramen.
Alors qu’ici, il n’y a pas si longtemps, le mot « ramen » était associé à ces sachets de nouilles instantanées à 0,99$, indispensables à la survie des étudiants durant leur fin de session. Avec l’appréciation et le rayonnement grandissant de la gastronomie japonaise en dehors de ses frontières, la vague du ramen a finalement frappé le cœur de Montréal, après Vancouver et Toronto.
L’ABC du ramen
Contrairement à la croyance populaire, les ramen sont originaires de Chine. Ils ont été popularisés au Japon après la Deuxième Guerre mondiale, par le retour des soldats qui combattaient en territoires chinois.
L’art du ramen est à la fois archi simple et éminemment complexe. Simple, car un bol se compose de bouillon (dashi fortifié avec porc et/ou poulet et/ou du poisson séché, avec épices et légumes), de nouilles et de garnitures. Complexe, car ses variations, ses subtilités et ses possibilités sont infinies. Au Japon, chaque préfecture possède son propre style, selon les ressources agricoles disponibles, et chaque chef, sa recette secrète.
L’important est de savoir qu’il existe 4 bouillons de base :
- Shoyu : à base de sauce soya, le classique
- Miso : à base de miso, préféré en hiver, popularisé dans les années 1960
- Shio : à base de sel, préféré en hiver
- Tonkotsu : à base d’os de porc, popularisé plus récemment
À ce bouillon mère qui a mijoté un minimum de 7 à 8 heures, on ajoute le tare, ou «l’âme du bol», constitué de sauce soya, du jus de cuisson du porc ou du poulet, de sucre, mirin, gingembre, ail, oignons, saké, dashi et quelques sortilèges japonais. Voilà pourquoi les ramen se consomment généralement au restaurant. Voilà aussi pourquoi il est si ardu de décrire avec justesse la composition d’un bouillon.
Comment déguster les ramen?
La première cuillerée est vitale. C’est là où le bouillon doit affirmer d’emblée l’ensemble complexe de ses charmes et affirmer ses multiples personnalités (ici le poulet, ici le boeuf, ici le miso, le soya, etc.). J’entends par là qu’il soit riche, harmonieux, équilibré, naturellement salé, sans être trop bruyant. Le bol doit être fumant lorsqu’il est servi. Quant aux nouilles, elles sont tenues d’être légèrement fermes, puisqu’elles vont continuer à cuire dans le bouillon. La tranche de porc n’a d’autres choix que d’être fondante. Ensuite, vous faites beaucoup de bruit en aspirant les nouilles…Le maître vous explique dans cet extrait tiré du film culte Tampopo:
Le top 2 des “meilleurs ramen” à Montréal
Ainsi, depuis 3 ans, La bouche pleine continue à fouiller le grand Montréal à la recherche du ramen ultime (avis à tous!). Après avoir évalué les bols de Ramen-Ya, Sumo Ramen, Hakata Ramen, Izakaya, Misoya, Kazu et Imadake… Voici le top 2 des “meilleurs ramen” à Montréal.
RAMEN MISOYA – « L’authentique »
Pour son bouillon Hokkaido à base de miso (évitez la version épicée), riche et dense comme la couleur du Gange, ponctué de saveurs bien prononcées, similaire à ce que j’ai pu goûter au Japon. L’épaisse tranche de flanc de porc est exceptionnellement savoureuse, tendrement marinée dans le bouillon. Par contre, les nouilles étaient légèrement trop cuites. L’œuf tranché est un supplément…grrrr.
Pour l’endroit et les façons de faire, on repassera. Misoya est une chaîne bien connue au Japon. Oui, c’est moche. Il se peut que vous soyez un peu déçus. Shimazaki-san aussi. Hélas, selon les standards montréalais, c’est dans ce qui se fait de mieux, croyez-moi. Si vous n’avez jamais goûté à un bon bol de ramen, cette adresse en vaut le détour.
IMADAKE – Le simple et savoureux
Prenez le ramen Imadake au miso. Un bouillon bien relevé fait à base de porc, bœuf, poulet et poisson, ayant mijoté durant 10h. Des nouilles fermes venant de Tokyo et un morceau de flanc de porc fondant, accompagné d’un œuf tranché complètent ce portrait simple et savoureux. Un délice! Pour en savoir plus sur Imadake, cliquez ici.
Mention spéciale pour KAZU.
J’attends avec impatience vos recommandations et vos impressions!
Visitez l’incroyable Musée du ramen de Yokohama à travers le blogue: La Déroutée.
RAMEN MISOYA | 2065A, rue Bishop, Montréal | 514-373-4888
IMADAKE | 4006, Ste-Catherine, Montréal | 514-931-8833
Je suis surpris que Santoka Ramen ne soit pas encore à Montréal. Une chaîne au Japon installée à Vancouver. J’avais complètement raté l’installation de Misoya, je vais aller faire un tour. Hmm pourquoi pas ce midi :). Imadake je sais qu’ils font des ramens, mais pas essayé encore. Pour ce qui est de Kazu, j’ai mangé les ramens une fois mais le hype du restaurant et sa longue queue font que je n’y vais plus jamais.
Sumo Ramen, je ne suis pas un fan. mais bon 🙂
J’ai très longuement hésité avant d’ajouter Sumo Ramen à cette liste. Ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas « ça » non plus. Merci pour ce commentaire qui m’a aidé à trancher. J’ai supprimé Sumo Ramen du palmarès et je me sens déjà mieux 😉
Bon ramen! Bien hâte d’entendre tes impressions 😀
Imadake.
J’ai trouvé Misoya plutôt cher….deux soupes et une entrée de gyoza nous ont coûté presque 40$… Cela irait si je n’avait pas été très déçue par les nouilles qui ne semblaient pas de très bonne qualité. Cela dit, le chashu et le bouillon étaient plutôt bon.
Je ne suis pas non plus une fan de Kazu….quant à moi les nouilles goûtent le « sachet » de notre jeunesse.
Après avoir mangé des ramens au Japon et à New York, je suis d’avis qu’aucun ramen-ya de Montréal n’est à la hauteur. J’espère que cela changera bientôt 😉
Je suis du même avis 🙂 On continue à croiser nos baguettes!
Et Hakata se classe comment?
Pas très haut, selon mon expérience ;p
Tu connais Hosaka-Ya Ramen à Québec ? Ce restaurant en fait d’excellentes. Ils font même leurs nouilles (miam). Ce sont trois frères d’origine japonaise qui ont grandi dans la région de Québec qui ont ouvert cet établissement. Tu dois absolument découvrir cette adresse, mais je me doute que c’est déjà fait ; )
Mon épouse est Japonaise et vient de Fukuoka, et lors d’un voyage là-bas j’ai pu y découvrir le savoureux bouillon tonkotsu dans toute sa splendeur. C’est celui que je préfère, car c’est le plus riche et le plus goûteux. Je trouve les autres types de bouillon très bons aussi, mais c’est celui-ci qui fait vibrer mon coeur. Malheureusement, on ne le retrouve peu ou pas dans les restaurants de ramen de Montréal.
Merci David! Je m’y rends justement début juillet. J’irai dans faute!
J’ai enfin eu l’occasion d’essayer Hosaka-Ya à Québec, et laissez-moi vous dire qu’il s’agit de l’expérience la plus authentique. Pour avoir essayé tous les restaurants mentionnés dans cet article, Hosaka-Ya remporte la palme du meilleur ramen haut la main. Le bouillon est offert en deux versions (shoyu et miso), le porc est délicieux et les nouilles cuites juste à point.
Le restaurant, l’accueil, la déco sont charmants, sans prétention et nous font sentir comme dans un véritable troquet de ramen japonais. Les à-cotés comme le poulet karahage et les giosa sont absolument délicieux.
Il y a beaucoup d’amour dans la cuisine de ce restaurant. Il n’y a malheureusement aucun équivalent à Montréal selon moi. À noter que le resto est fermé la fin de semaine.
Ohhhh wow ! je savais pas qu’il y en avait un à Québec ! ça fait 6 ans que je n’en ai pas mangé, quel martyr !
Vous faites ma journée 🙂
Ramen-YA sur St-Laurent coin Marie-Anne est DÉLICIEUX.
Super intéressant cet article. Pour ma part, j’aimais bien Sumo Ramen, mais c’était avant que je goûte «the real thing» au Japon. Mon restaurant japonais favori, à Montréal (mais il m’en reste quelques uns à essayer encore), c’est Kazu – quoique je n’y ai malheureusement pas testé les ramens encore. Imadake, je dois avouer avoir eu un service horrible lorsque j’y suis allée un midi – alors je n’y retournerai pas de sitôt. (Dommage, car toute la planète foodie semble bien aimer!) J’avais été visiter le musée du ramen à Yokohama (absolument trippant, avec un look kitsch-retro en plus) et depuis, le meilleur ramen que j’ai mangé c’est à New York, chez Totto Ramen. Je salive juste à y repenser. (Soupir) Ce qui manque entre autres, à Montréal, je trouve, c’est du miso de vraie bonne qualité… En passant, j’adore ton blogue 🙂
Pour avoir été au japon aussi, je suis d’accord avec toi pour Toto ramen…
Délicieux!!
(Si ça t’intéresse, voici l’article que j’avais fait sur le Shin Yokohama Raumen museum: http://laderoutee.com/2010/11/10/food-theme-parks-1-le-musee-du-ramen-de-yokohama/)
WOW!!! Super article. J’adore 😀 Merci pour les jolis mots. C’est très gentil et merci pour les suggestions. J’en prends bonne note!
Je dois avouer que je suis moi-même a la recherche de la meilleure ramen en ville …
ma quête est longue et fastidieuse, mais j’ai presque goûté à tout … et je reviens toujours vers Kazu. Simplement à cause d’un facteur élémentaire et primordiale; les nouilles ! J’ai bien-sur goûté à la ramen de David Chang, et en lisant ses recettes et articles (lucky peach) j’ai compris le secret des nouilles alcalines home-made. Je suis peut-etre un peu geak et freak de bouffe mais les nouilles chez Imadake sont loin de ce que ça devrait être … et Misoya aussi en fait. Étrangement le plus proche, après kazu était Ramen-ya. étonnant mais nouilles potable. Je pourrais en parler pendant des heures et des pages, mais bref, ton blog est sublime et je salive souvent à te lire, merci.
Pour moi, je crois que vous avez manquer les meilleurs resto ramen de montreal. Même s’il ne sont pas établie par des chefs japonais, c’est Kim Ramen (St.Mathieu-metro concordia) et Nudo (dans le chinatown). Les deux ne sont pas cher et les deux ont des nouilles fait sur place, et ça fait une énorme différence.
C’est vrai que Misoya a le meilleur bouillon, mais pour moi les nouilles trop cuit et cheap en paquet ruine mon expérience (sans parler du coup qui monte facilement a 15-20 pour assez d’ingrédient).
Kim Ramen! Je ne connaissais pas, j’irai l’essayer. Merci pour la suggestion 🙂
Kim Ramen peuvent bien faire leur nouilles sur places, ca sent la pates en rentrant mais le bouillon est qu’un simple bouillon de poulet instantanee… j’etais tres decue. dans le faubourg il y a une autre place a ramen, il font les nouilles sur places et le bouillon est delicieux. ce n’est pas aussi bon que Misoya ou Imadake. Mai je le classe dans mon Top. 5
J’adore absolument les ramen et Tampopo est un chef-d’oeuvre ! Excellent article !
D’abord, à Montréal, les meilleures ramen sont Misoya, indiscutablement. Je m’étonne de voir que certains trouvent ça cher puisque si vous y allez le midi, le menu est à 10$, soit sans doute les ramen les moins chères de Montréal. Je mets 8.5 sur 10.
Ensuite, on va dire que celles d’Imadake sont pas mal, disons 7 sur 10.
Ramen-Ya, ça va encore, leurs Udon sont bonnes, 6 pour les Ramen (bon restaurant par ailleurs, excellents makis et glaces saveurs japonaises merveilleuses).
Le reste est à oublier (j’ai pas testé celles de Kazu) : Sumo Ramen, dégueulasse, d’ailleurs je crois que c’est pas des ramen qu’ils mettent mais des spaguettis ; Hakata, pareil.
Vous parlez de Kim Ramen et de Nudo. Je n’y ai pas été (quelles ont été tes impressions La bouche pleine?) mais d’après mes renseignements, ce ne sont pas des ramen (de même que Yuki Ramen ne font pas des ramen mais des bols de nouilles chinoises avec ou sans soupe). Les ramen doivent être faits par des japonais, un point c’est tout (ce sont les seuls à avoir le savoir-faire nécessaire pour faire de vraies ramen).
Je vois que tu as 2 articles sur New-York, je mets mes commentaires sur les Ramen New-yorkaises ici :
-Toto Ramen, c’est bien (beaucoup d’attente) : 7.5/10
mais Chuko à Brooklyn, c’est mieux (excellent miso) : 8/10
http://barchuko.com/
et les meilleures, d’après ce que j’ai testé, mais alors là toutes catégories confondues puisque je n’en ai pas goûté d’aussi bonnes au Japon (même si évidemment ça doit exister, ah le 10ème étage de la gare de Kyoto avec ces 7 restaurants de ramen, un souvenir ineffaçable !), c’est Minca Ramen, qui je m’en aperçois sur leur site a aussi une antenne appelée Kambi Ramen : http://www.newyorkramen.com/index.html
Je mets 9/10, un miso exceptionnel et surtout un bouillon au sel et à l’ail dont je me souviendrai longtemps. J’ai envie de retourner à New-York, rien que pour ça !
Merci Micka pour ce superbe commentaire. Je suis bien d’accord avec vous sur plusieurs points. Par contre, je ne crois pas avoir mentionné Kim Ramen dans mon billet, car je n’y ai jamais été 😉 Je ne compte pas non plus NUDO ni Yuki Ramen comme étant des spécialistes du Ramen, car ils ne servent pas de ramen simplement. J’ai bien hâte d’essayer Chuko lors de mon prochain périple à NYC (il était sur ma liste), de même que Minca Ramen! Je vous encourage à continuer de partager vos impressions. C’est très apprécié!
Concernant Kim Ramen et Nudo, je faisais référence au commentaire de Cynthia.
Sinon, j’ai été mangé les ramen de Kazu et j’ai trouvé ça pas mal du tout, assez original, un peu mieux que celles d’Imadake, donc on va mettre 7.25/10. Cadre, service et ambiance plus sympathiques que chez ce dernier.
T’as des adresses de Ramen au Japon des fois?
A+
Ah! Je comprends maintenant 🙂 J’ai mangé des ramen renversant à Osaka, mais il y a de cela 4 ans et le nom du resto était en caractères japonais… Je te conseille fortement de te procurer le formidable numéro Spécial sur les Ramen du magazine Lucky Peach qui contient plusieurs bonnes adresses (http://bit.ly/1bXEykf) C’est la source d’inspiration de ce billet 😉
Merci pour cet excellent article ! Je ne suis pas allé à Montréal depuis longtemps mais ça donne envie d’y retourner. A Paris aussi on d’excellentes ramen comme chez Sanukiya, Kunitoraya et surtout Naritake Kotteri Ramen !
Plaisir! Je note ces adresses pour mon prochain séjour à Paris. Merci!
Pour continuer la quête du sumum, pourquoi pas essayer la ramen de la nouvelle formule du café sardine, récement devenu un izakaya ? muni d’un chef de Toronto, ils ont abandonné leur menu original (snif) pour des tapas japonais. Pas mal du tout. La ramen vaut le détour, pour le bouillon.
Absolument! Dans mes plans des prochains jours 😉
Ping : Biiru | Un nouveau bistro japonais prometteur au Centre-ville | La bouche pleine
La première photo donne super envie ! C’est très jolie 🙂 L’oeuf au niveau visuel fait vraiment la différence.
Super blogue qui doit se poursuivre. Bravo!
Pour Sardine, il y a un gros problème de constance. Un jour c’est super bon, le lendemain, très moyen avec un bouillon fade. Misoya reste pour moi la meilleure à Mtl.
Je suis d’accord avec vous Bruno. Merci pour vos bons mots! 🙂
Ramen sans gluten?
Est-ce possible
Vous me faites saliver
Sans gluten! Oh laaaa laaaaa….La question qui tue. Pas à ma connaissance, mais je vais faire de plus amples recherches 🙂