Longtemps boudés par les ayatollahs du bien-manger, les beignes font un retour en force à Montréal. L’heure de la révolution prolo-alimentaire a sonné. Après l’ère des cupcakes et des macarons onéreux, c’est maintenant au tour des beignes d’être célébrés, et cette fête débute au cœur du Mile-End, dans un café de l’avenue du Parc appelé Chez Boris. Continuer la lecture
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Euro-Deli Batory | P comme dans Pologne et Pierogi
Quand le froid vient mordiller les joues, quand les moustaches deviennent givrées et que les fourrures sont de mise, on fait un arrêt chez le Polonais du quartier pour une borsch bien chaude et bien consistante. Popeye a ses épinard, j’ai ma soupe aux betteraves, mes cigares aux choux et mes pierogi pommes de terre et fromage. Je pourrais ensuite sortir en speedo, je n’en verrais pas la différence. Il y a dans la cuisine slave, une compréhension implicite de la sévérité des hivers, une réponse thérapeutique et efficiente aux climats polaires.
Pour les adeptes du régime, je vous conseille de repasser. Ici, on cumule des provisions et des réserves de graisse pour une semaine. Pour ne pas me casser le bicycle, je commande souvent la demie-assiette polonaise (Polski talerz) à 10$ qui rassemble toutes les spécialités de la maison en un seul repas: chou farci, boulettes de pommes de terre avec ragoût de boeuf (gulash), pierogi à la viande et au fromage, saucisse et ragoût de choucroute, servie avec une salade de choux à l’aneth, de la crème sure (inséparable des pierogi) et de la moutarde.
Chaque fois, le repas devient en quelque sorte un défi personnel à relever: échauffements, serviette autour du cou… Jusqu’où iras-tu cette fois ? On fendille immanquablement avant la fin. On voudrait continuer, mais hélas, notre condition humaine est tristement limitée.
Les pierogi sont aux Polonais, ce que sont notamment les raviolis pour les Italiens, les dumplings aux chinois, les gyoza au Japonais, les mandus aux Coréens, les momos aux Tibétains, les ghooghra aux Indiens, les pizza-pockets aux Américains ;). À la base, les pierogi sont faits d’une pâte composée de farine et d’oeuf. À l’aide d’un verre, des cercles sont découpés dans la pâte qui aura été roulée et aplatie préalablement. On dépose au centre de chaque cercle, la farce: pommes de terre, fromage, choux, choucroute, viande, champignons, épinards, fruits ou autres ingrédients, selon les préférences du Chef. Les pierogi sont ensuite bouillis ou frit. On les mange avec de la crème sûre, du sel et des oignons frits. Un délice !
C’est mon ancienne coloc, de descendance ménnonite, qui m’a introduite aux pierogi. Elle a sorti du congélateur des pierogi faits par sa grand-mère. À prime abord, je dois vous avouer que je n’ai vraiment pas été impressionnée par l’allure générale de la chose. On aurait dit une assiette de kleenex avec une louche de crème hydratante. En bouche, vous constaterez que les pierogi ont beaucoup plus de couleurs qu’ils n’en laissent transparaître. Vous serez convaincus dès la première bouchée et submergés par une vague de réconfort et de chaleur. Doux comme du cachemire.
L’assiette est un délice hivernal. La charmante salle à manger vous plongera dans une ambiance soviétique d’Europe de l’Est. Euro-déli Batory, c’est aussi une petite épicerie. À découvrir, si vous ne connaissez pas déjà…
EURO-DELI BATORY
115, rue Saint-Viateur Ouest
Mile-End, Montreal, QC, H2T 2L2
Tél. 514-948-2161
Lundi : fermé
Mardi : 10 h à 18 h
Mercredi : 10 h à 19 h
Jeu – Ven : 10 h à 21 h
Samedi : 10 h à 16 h
Dimanche : 9 h à 14 h
La Kitchen Galerie: une cuisine de chefs, servie par des chefs.
« Vous êtes mieux de manger votre gratin dauphinois, parce que c’est moi qui l’ai fait ! »
Et vlan ! Nous voici attablées à la Kitchen Galerie pour célébrer l’anniversaire de Baya et tester leur cuisine du marché. À la Kitchen Galerie, il n’y a pas de cachoteries, ni d’intermédiaires entre la cuisine et les plats posés sur la table. What you see is what you get. Les chefs cuisinent et font le service à la fois. Ils sont disponibles pour répondre à vos questions et faire d’excellentes suggestions au besoin (on aime).
Et qui dit cuisine du marché, dit véritablement cuisine du marché. Suivant les saisons, les aliments, sont puisés directement au Marché Jean-Talon, à deux minutes à pieds du restaurant. Chaque jour, le menu varie selon la fraîcheur des ingrédients trouvés. Un choix de trois entrées est proposé: une soupe et un choix de 2 entrées. Suivi du plat principal: un choix de pâtes, de risotto, de deux poissons ou de deux viandes. Pour terminer avec un choix de trois desserts.
À peine assise au bar (le restaurant affichait complet), le jeune chef est venu nous offrir des apéritifs. Demandé si gentiment et efficacement, ça ne se refuse pas. Nous avons pris trois flûtes de prosecco* pour ouvrir le bal.
Le chef nous a ensuite surprises avec un panier de pains et un amuse-gueule vert tendre servi dans un verre à shooter. Gracieuseté de la maison. Incroyablement rafraîchissant et combien délicieux. Chaque lampée se découvre et se déguste individuellement, pour se terminer sur du caviar tout au fond du verre. Personne n’était en mesure de deviner l’étonnante composition de cette potion. Nous avons fait appel au chef. En voici la recette: Asperges, échalottes, lait, huile de noix, caviar d’harengs espagnols, sel, poivre et beaucoup d’amour.
Puisque nous étions trois, nous avons pris les trois entrées au menu:
Le tilipia était délicieux. La consistance et la texture étaient très agréables et la vinaigrette de la salade apportait une fraîcheur et une acidité intéressante, qui relevait l’ensemble.
La deuxième entrée fut la moins palpitante. Le maquereau fumé et le chorizo sont à la base, deux aliments salés avec beaucoup de caractère. Ajouter à cela la salade de patates (rattes) avec mayonnaise et au bout d’un moment, on a la mâchoire tendue. D’autant plus que le chorizo ressemblait au faux bacon d’une salade césar cheap. Trop c’est comme pas assez. Je me plains. C’était tout de même pas mal.
En contrepartie, le Bortsch fut pour moi une révélation . Bien honnêtement, c’est le dernier choix que j’aurai fait sur la carte. Or, parfaitement assaisonné, la douceur de la betterave venait caresser le palais comme une main de velours. Je ne pouvais plus m’arrêter. Je me suis retenue pour ne pas lécher le bol.
En guise de plat principal, Laurence a pris la dorade grise poêlée, sauce balsamique, avec salade de poivrons marinés et pleurotes. Une portion généreuse, tendre et savoureuse. Une texture parfaite.
Et comme plat principal, j’ai partagé la fameuse assiette à deux, spécialité de la Kitchen Galerie: Côtes de boeuf rôties dans du jus à l’estragon, avec légumes racines à 80 $. Pour 120 $, la Super Size Me comprend en plus, foie gras poêlé et truffes noirs.
Nous avons demandé s’il était possible de remplacer une partie des légumes racines par le gratin dauphinois qui était au menu, mais accompagnait la joue de boeuf.
Lorsque nous avons aperçu notre assiette, nous avons immédiatement regretté.
Non seulement, nous avons failli perdre connaissance en voyant l’immense portion de viande, mais la viande était elle-même sur un épais nuage de pommes de terre en purée n’en finissant plus d’apparaître. Imaginez une grande cuvette, remplie de larges côtes de boeuf bien rosées. Et le petit gratin dauphinois qui vient avec, dans une assiette séparée.
La photo ne rend malheureusement pas justice à la grandeur de l’entreprise. Mais quelle entreprise. C’était S-U-C-C-U-L-E-N-T. Les viandes du Pied-de-Cochon ont l’air faibles à côté. La viande tendre est gorgée de jus d’estragon. Il y avait peut-être 2 os dans l’assiette. Ce n’est que pure chair divine. Nous avons accompagné le tout d’un vin chilien recommandé par le chef qui se mariait merveilleusement bien avec la viande.
Prêtes à fendre, nous sommes arrivées en roulant à la ligne d’arrivée où trois desserts nous attendaient et trois feux de Bengales. Rien de tout cela n’avait été commandé. À notre insu, les chefs avaient concocté la surprise. Sur une assiette, les trois desserts: une crème brûlée, un pain aux bananes, caramel à fleurs de sel, bananes à la torche et une génoise aux fraises chantilly.
J’ai particulièrement adoré le pain aux bananes. La crème brûlée était fidèle à une bonne crème brûlée et la génoise, tout à fait impertinente et d’un ennui mortel.
Une chose à retenir: l’assiette à deux se mange à trois ou à quatre.
Une adresse à inscrire à votre agenda, si vous aimez les ambiances conviviales et décontractées.
Une cuisine franche, surprenante et honnête, faite avec amour et générosité.
Prévoir environ 60$ par personne. Les plats varient entre 29$ et 40$ en table d’hôte.
*Le prosecco est l’ancien nom d’un cépage italien de raisins blancs. 2 vins en sont issus: un vin blanc et un vin effervescent qui s’apparente au mousseux. Nous avons opté pour les bulles)
60 Jean-Talon Est,
Montréal (Québec)
H2R 1S5
514-315-8994